Une petite communauté isolée vit sous la menace constante de créatures monstrueuses qui hantent la forêt, dissuadant les villageois de s’y rendre. Une fois de plus, Night Shyamalan nous mène par le bout du nez grâce à un scénario très malin. Contrairement à ce que peut laisser présager le sujet, « Le village » ne se limite pas à un simple film d’horreur. Rapidement, les questions se bousculent au portillon : Qui sont « Ceux dont on ne parle pas » ? ; Pourquoi le rouge est-il « la mauvaise couleur » ? ; Pourquoi la ville au-delà de la forêt est-elle crainte ? ; Quel secret cache le conseil des Sages ? ; Que contiennent leurs coffres ?... Résultat, il est quasiment impossible de lâcher le film avant la fin. C’est d’ailleurs une constante chez le réalisateur. Dans de beaux paysages de Pennsylvanie, on découvre le mode de vie des villageois guidés par leurs croyances et leurs peurs. L’atmosphère est tellement pesante que l’on frissonne pour un rien. Car le réalisateur préfère suggérer (hurlements, silhouettes…) que montrer. En jouant sans cesse entre la superstition et la réalité, Night Shyamalan remet en cause nos certitudes au détour d’une scène, sans prévenir (révélations passées, démystification). En compagnie d’une jeune aveugle partie au-delà de la forêt pour chercher un remède, seul moyen de sauver son amoureux, le spectateur découvre médusé la vérité. Un dénouement tout en finesse car on ne voit pas vraiment la ville. Mais en un plan (la signalétique d’une voiture), on comprend tout. Toutes les hypothèses que j’avais imaginées pendant le film s’écroulent (catastrophe post-apocalyptique, extraterrestres etc.). A la fin, le réalisateur se permet même une dernière pirouette scénaristique. Car la jeune aveugle revient parmi les siens en confirmant innocemment la légende imaginée par les Sages. Tout le talent de Night Shyamalan est là. « Le village » est probablement le film le plus accessible du réalisateur et l’un de mes préférés.
Ma note : 9/10