Il s’agit probablement du film le plus décrié dans la filmographie de Louis de Funès. Personnellement, je suis moins sévère envers cette comédie. Déjà, il ne faut pas voir dans « La soupe aux choux » un film de SF. Les effets spéciaux et les costumes de l'extraterrestre sont volontairement kitsch (les combinaisons flashy de Jacques Villeret, la soucoupe volante simpliste). Évidemment, on ne joue pas dans la même cour qu’un « Rencontres du troisième type » de Steven Spielberg. En réalité, on doit considérer ce film comme une fable. C'est pourquoi les traits sont forcés (l’accent des deux paysans, leur mode de vie arriéré, leur sacro-saint pinard, les pets comme moyen de communication…). En filigrane, il est question de la crainte du changement, de la vieillesse et de la mort. Si l'humour manque de finesse ; la tendresse pointe par moments le bout de son nez. En refusant leur expropriation, Jean Carmet et Louis de Funès se retrouvent encerclés par un grillage au milieu d’un parc d’attraction tout neuf. La scène où les gens lancent des cacahuètes aux deux paysans ; comme ils le feraient à des singes dans un zoo ou à toute autre espèce en voie d'extinction ; est d’une grande tristesse. Il n’y a pas de place pour des fossiles dans la vie moderne. Heureusement, tel un conte de fées, la fin est optimiste. Plutôt que le suicide, les deux compères quittent cette Terre qui ne veut plus d’eux pour une autre planète. Tout en emmenant avec eux leurs petits plaisirs. Car mieux vaut les 5 à 10 ans qui leurs restent à vivre, ici dans leur hameau, que 200 ans sur une autre planète sans pinard ni soupe aux choux. En revanche, le retour de la femme ressuscitée et son adaptation rapide à la vie moderne ne m’ont pas convaincu. De plus, on voit bien là que Louis de Funès n’est pas à l’aise dans le registre de l’émotion. Mais dans ses rôles tout en énergie, à la fois comiques, colériques, autoritaires et grimaçants, il reste mon acteur français préféré, même dans ses derniers films.
Ma note : 6/10