« Hellphone » est à la fois une comédie potache et un film d’horreur fantastique. Il est curieux que personne n’ait eu l’idée d’une histoire de téléphone portable diabolique avant ce film (après la maison, la voiture…). C’est un plaisir de retrouver Jean-Baptiste Maunier dans un rôle nettement plus moderne que celui des « Choristes ». D’ailleurs, les jeunes sont ici à l’honneur avec tous leurs excès (les pétasses, les machos, leur langage parfois vulgaire et obscur). C’est peut-être le point faible du film. Car les petites querelles d’adolescents sont agaçantes et terriblement futiles pour nous adultes. A ce propos, ceux du film sont tous plus ou moins barrés. Je reconnais que le fameux portable a un look d’enfer. Source de situations comico-horrifiques, ses fonctions sont étonnantes (faire apparaître un gâteau d’anniversaire en hologramme, résoudre une équation mathématique, prendre la voix du proviseur pour annuler une punition etc.). Bref, le héros a sur lui une véritable lampe d’Aladin. Les ennuis commencent lorsque le téléphone portable rouge à la voix suave, vouant un amour exclusif à son propriétaire, élimine ses ennemis. Les meurtres absurdes se succèdent (la fille qui met le feu aux cheveux de sa copine en plein cours, la bouche du professeur de mathématiques remplie de craies, la tête du cuistot panée et frite en 25 secondes etc.). La patte du réalisateur James Huth est reconnaissable au premier coup d’œil avec ses gros plans déformant les visages, ses scènes speedées (la course-poursuite en skateboard contre des voleurs de portables), la BO très rock, son humour délirant et un peu bête (le proviseur gobant ses poissons rouges, le strip-tease à la cantine, les imitations débiles de Bruno Salomone, Jean Dujardin en égoutier ramenant le téléphone indestructible à son propriétaire etc.). Les amateurs de films de teenagers et d’horreur, une spécialité américaine, apprécieront le dénouement sanglant et totalement fou (la prof de chimie qui avale de l’acide devant ses élèves, la main du proviseur gelée à l’azote réduite en miettes, la fille qui se poignarde sur une musique espagnole et se porte le coup de grâce avec un pique-apéritif dans le crâne etc.). Les clins d’œil aux films du genre : « Gremlins » avec la boutique chinoise à l’origine de tous les maux, la coiffure style princesse Leia de la fayotte de la classe, la peur à chaque sonnerie de téléphone façon « Scream », la scène de la tronçonneuse à la fin… sont un bonheur pour les cinéphiles. Pour conclure, ce film français extrêmement déluré est un petit bijou d’humour noir à ne pas manquer.