Ce film d’une grande violence physique et psychologique m’a laissé une impression de malaise. Sa complexité symbolique, la critique sans concession de notre société de consommation, peut rebuter. En fait, l’œuvre est légèrement prise de tête, peu divertissante mais marquante. « Fight Club » montre jusqu’où peut mener le nihilisme de notre société. L’absence de but dans la vie pousse certains individus à évacuer leur mal-être par la violence. Ici, le personnage principal se bat à mains nues au sein d’une confrérie secrète pour éprouver de la souffrance dans sa chair. Grâce à cela, il a l’impression d’exister et de se sentir vivant. De par son sujet et son ambiance, le film colle parfaitement au style de David Fincher. Le réalisateur fait preuve de beaucoup d’originalité visuelle (gros plans, incrustations à l’écran, etc.). Le duo Brad Pitt/Edward Norton est tout simplement parfait. Les dialogues sont aux petits oignons : « On fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui ne servent à rien. », « On ne m’avait jamais baisée comme ça depuis l’école primaire. », « La capote, c’est le soulier de verre de notre génération. », etc. Les situations sont souvent absurdes comme le vol de graisse dans une clinique de liposuccion pour faire du savon (« Nous revendions aux femmes riches la graisse qui provenait de leurs culs. »). Malgré tout, il faut s’accrocher lorsque le film traîne en longueur, notamment à l’approche du dénouement. Mais la voix off au ton désabusé d'Edward Norton ainsi que les théories fumeuses, les répliques philosophico-pompeuses non dénuées de vérité de son « ami à usage unique » préféré, incarné par Brad Pitt (« Les choses qu’on possède finissent par nous posséder. », etc.) aident à maintenir notre attention jusqu’au bout de l’intrigue. La révélation finale (dédoublement de la personnalité) montre jusqu’où peut mener la folie. Le twist final est très bien amené. Bref, le film est d'une richesse intellectuelle et visuelle indéniable. Ce qui est rare au cinéma en cette période de formatage généralisé des esprits.
Ma note : 7/10