samedi 31 août 2013

Enemy Mine (1985)

Enemy


Wolfgang Petersen s’essayait ici à la SF en adaptant à sa sauce un thème récurrent ; celui de deux ennemis contraints de cohabiter par la force des choses. Deux combattants se retrouvent donc échoués sur une planète isolée. Le terrien campé par Dennis Quaid et l’extraterrestre, une sorte de lézard bipède, poursuivent leur lutte dans cet environnement hostile. Mais, ils comprennent que pour survivre, ils doivent s’unir… Saluons tout d’abord la qualité formelle du film. Les maquillages des extraterrestres sont très convaincants, suffisamment sobres pour laisser passer l’émotion. Les effets spéciaux (les scènes dans l’espace, les vaisseaux spatiaux) n’ont pas beaucoup vieilli. Les paysages sont magnifiques avec de nombreux jeux de lumière. La photographie est propre. Hélas, sur le fond, le film souffre de baisses de rythme. Le face à face est un peu long. D’autant qu’une fois le contexte posé, il n’y a guère de suspense. Cependant, vers la fin, le réalisateur tente de relancer la machine. L’autre gros défaut du film, c’est son côté naïf et larmoyant (la naissance du bébé extraterrestre, la mort de l’adulte, l’éducation de l’enfant orphelin par le terrien et l’enlèvement du gamin par des esclavagistes). Je conseille ce film aux amateurs de SF et de bons sentiments.

Ma note : 6/10

Frère de sang (1982)

Frères de sang


« Frère de sang » alias « Basket Case » a connu une petite renommée dans les années 80 au sein du cercle fermé des amateurs de films d’horreur. Il faut dire que les scènes les plus sanglantes suivent les traces du personnage principal et de son mystérieux panier. Dès le générique, l’hémoglobine gicle. Mais, il n’y a pas que cela. L’histoire se singularise par son originalité. Celle d'une horreur médicale que n’aurait pas renié le réalisateur David Cronenberg, spécialiste du genre. Jugez plutôt : un jeune homme qui conserve son frère siamois atrocement déformé dans un panier en osier, cherche à se venger des médecins qui les ont séparés. Lorsque le jeune homme tombe amoureux et essaye de gagner son indépendance, la créature devient folle… Dans un premier temps, le principal atout du film est de ne pas filmer directement le monstre mais d’utiliser la caméra subjective. Cela laisse planer un certain suspense concernant la nature de l'être caché. Ensuite, les liens complexes (amour, haine, soumission) entre les deux frères ainsi que le harcèlement télépathique de la créature sur son jumeau haussent le niveau. Par contre, une fois la créature dévoilée, le film lorgne du côté du gore burlesque à la Peter Jackson des débuts (« Bad Taste » et « Braindead »). Le monstre en caoutchouc est hideux mais son animation image par image façon « Chapi Chapo » s'avère catastrophique. Parfois, il n’est même pas animé du tout. C’est le comédien qui agite le monstre dans ses bras ! Cela n’empêche pas les corps coupés en deux, les visages ravagés et les hectolitres de sang de couler. Les flash-back sur l’enfance des frères, leur séparation au bistouri sont de grands moments… à condition d’avoir l’estomac solide. L’émotion est vaguement présente lorsque le frère opéré récupère son double monstrueux, sorte de tumeur munie de dents, dans une poubelle. Ou encore quand la nounou raconte une histoire à la monstruosité assise sur ses genous. Retour au présent, et on rigole lorsque la chose monstrueuse vole une petite culotte à une prostituée. Le summum est atteint avec le viol final. Un tas de plastique inondé de sang censé représenter l’horrible frangin, fait des va-et-vient dans l’entrejambe d’une femme nue. Il fallait oser ! Sur la forme, le film a très mal vieilli. La photographie est sale. Les acteurs sont tous mauvais (y compris le personnage principal, cheveux longs bouclés, très années 80). Bref, c’est un film plein de défauts mais foutraque, culotté et gerbant. Moi, j’aime…
 
Ma note : 7/10

La créature du marais (1982)

La Créature du marais

Avec « Les griffes de la nuit » et la série des « Scream », on avait presque oublié que Wes Craven avait réalisé de nombreux nanars. Et en voici un beau spécimen. Ça commence comme une bonne petite série B, bien rythmée avec de beaux paysages naturels. Le postulat scientifique à savoir le mélange de cellules végétales et animales en vaut d’autres. Côté interprétation l’actrice Adrienne Barbeau nous fait l’honneur de son décolleté (et même plus...) pendant une bonne partie du film. Moins agréable, Davis Hess en éternel sadique a une fâcheuse tendance à surjouer. Louis Jourdan, lui, est impeccable. L’action est explosive, le divertissement au rendez-vous. Hélas, ça se gâte avec l’apparition de la créature très éloignée du personnage de papier. Je me souviens avoir lu quelques planches des comics de « La créature du marais » dans ma jeunesse. Je me rappelle encore des dessins assez réussis. Là on a un comédien vêtu d’une combinaison verte, le visage peinturluré de la même couleur. Lorsque l'acteur déguisé en monstre parle ou rit (véridique !), on a juste envie d’arrêter cette mascarade au plus vite. Quand on pense que la créature va jusqu'à conduire un bateau… Ensuite le film change de ton et se la joue sentimental façon la belle et la bête. Puis on sombre franchement dans le ridicule avec l’apparition d’un affreux gnome issu d’une expérimentation ratée puis d’une seconde créature carrément grotesque. À côté d’elle les méchants des séries TV japonaises genre Bioman ou X-Or sont oscarisables. Inutile de préciser que le résultat n’est pas effrayant pour un sou mais au contraire involontairement drôle. J’espère juste que les maquilleurs ont été virés à la fin du film. La petite série B sympathique a basculé dans le Z plus proche du burlesque que de l’épouvante. Mais on ne s’ennuie pas un seul instant malgré tout… et on rit beaucoup.

Ma note : 5/10

 

Link (1986)

Link


Ce thriller horrifique un peu lent m’a fait penser au film « Les oiseaux » d’Alfred Hitchcock. Une demeure isolée, une jeune étudiante en zoologie à la recherche d’un job d’été, un éminent anthropologue, un vieux chimpanzé reconverti en maître d’hôtel, une femelle acariâtre et son bébé chimpanzé mignon tout plein : le décor est planté. Ici, l’angoisse est surtout psychologique (quoiqu’à la fin…). Les réactions de plus en plus imprévisibles du vieux singe renforcées par son regard énigmatique et la puissance physique propre à ceux de son espèce procurent un véritable malaise. Le tout sur fond de musique inquiétante signée Jerry Goldsmith. Ce film injustement oublié aurait vraiment mérité le Grand Prix du festival d’Avoriaz 1986 plutôt que le Prix spécial du Jury.

Ma note : 7/10

The last Starfighter (1984)

Starfighter


Voici probablement mon film de série B catégorie SF du milieu des années 80 préféré. C'est un concentré de bonheur pour tous les geeks. Une histoire inédite (un terrien recruté pour participer à une guerre intergalactique en battant un record à un jeu vidéo), des effets spéciaux gonflés (les masques des extraterrestres en latex, le look des vaisseaux spatiaux, des images de synthèse révolutionnaires pour l'époque), des acteurs étonnamment bons pour ce genre de production, un scénario plus riche qu’il n’y paraît et vous obtenez un film surprenant au charme désuet. Les effets spéciaux obsolètes sont ici un atout.
 
Ma note : 8/10

Batman begins (2005)

Batman Begins


Je n’ai jamais été un fan de Batman, un des rares super-héros sans pouvoir. Le seul film qui ait trouvé grâce à mes yeux est « Batman, le défi » de Tim Burton (surtout pour le personnage du Pingouin). Là changement de ton ; Christopher Nolan réalise un film dont il est coutumier : sombre, violent et… long. Finalement, cette adaptation cinématographique, très noire, est fidèle aux comics. Néanmoins, le réalisateur prend un énorme risque en voulant tout expliquer (de l’enfance et la phobie du personnage à l’origine de son costume, ses gadgets, son véhicule, son repère etc.). En suivant la genèse d’un Batman complexe et torturé, le film est plus qu’un simple divertissement. Mais les scènes d’initiation aux arts martiaux démystifient le personnage à l’excès. Le voir transformé en Ninja m’a gêné. Je n’ai pas trouvé Liam Neeson très convaincant. Morgan Freeman et Michael Caine jouent toujours la même partition. Cela devient lassant. Mais, c’est surtout le jeu terne de Christian Bale qui m’a déçu. Sinon, la mise en place est longue, alourdie par des réflexions psychologiques sur le thème de la vengeance et par des passages larmoyants. Evidemment, sur la longueur le réalisateur réussit ponctuellement à toucher le spectateur. Même si la fin prépare bien le terrain pour la suite ; le film est beaucoup trop sérieux pour moi. Cependant, de par sa richesse, je comprends qu’il puisse combler les attentes de certains puristes.
 
Ma note : 5/10

samedi 17 août 2013

La jeune fille de l'eau (2006)

La Jeune fille de l'eau


Aucun film de la filmographie de Shyamalan ne m’a déçu à ce jour. Et ce n’est pas avec celui-ci que ça va commencer. Pourtant avec tout le mal qui a été dit et écrit sur « La jeune fille de l’eau » tant des critiques professionnelles que des spectateurs, je pensais tenir là une erreur de parcours. Et non, c’est encore une réussite. Mais attention, dans le pur style Shyamalan, c'est-à-dire hors des sentiers battus. Une fois de plus le fantastique s’invite dans la réalité la plus banale. Le réalisateur raconte la légende du peuple de l’eau qui autrefois parlait aux humains. De nos jours, l'une de leur représentante prend contact avec un homme… dans une résidence collective dotée d’une piscine commune ! C’est dans celle-ci qu’apparaît la nymphe aquatique poursuivie par son ennemi, une sorte de loup vert qui a le pouvoir de se transformer en herbe ! Chaque personnage du film a un rôle à jouer pour aider la jeune fille de l’eau à accomplir sa mission puis à regagner son monde. Du concierge bègue (excellente prestation Paul Giamatti) à l’écrivain qui changera la face du monde (incarné par Shyamalan lui-même) ; les résidents constituent une brochette de personnages pittoresques (l’un d’entre eux se muscle uniquement la moitié du corps !). Derrière certains locataires se cachent un guérisseur, un guide, un interprète... Des rôles sortis tout droit d’une histoire de fantasy. Evidemment, ils ignorent totalement qui ils sont. C’est le concierge qui par déduction va découvrir l'identité de l’écrivain recherché par la nymphe puis les différentes personnes correspondant aux rôles symboliques. Sauf qu’il va totalement se tromper. Ce qui nous vaut des révélations surprenantes. Le film est également effrayant avec les apparitions de la méchante créature (et ses grognements menaçants) qui veut tuer la jeune fille. Sans oublier les gardiens de la loi des sortes d’affreux singes vivants dans les arbres. Curieusement, malgré la présence de toutes ces créatures surnaturelles dans un univers réaliste, le film fonctionne. C’est d’ailleurs le message du réalisateur. Il faut croire à l’impossible, au fantastique qui se cache derrière notre quotidien. Avec sérieux mais sans oublier quelques passages amusants, le film se termine en apothéose avec l’arrivée d’un aigle géant qui ramène notre nymphe dans son monde. La force de Shyamalan, c’est de filmer cela sans jamais sombrer dans le ridicule. Bravo !
 
Ma note : 8/10 

Vendredi 13 (1980)

Vendredi 13


A l’image de son tueur psychopathe, Jason Voorhees, voici le premier épisode d’une série increvable (dix films : un record !). En 1980, « Vendredi 13 » a remis au goût du jour le slasher en surfant sur le succès du « Halloween : La nuit des masques » de John Carpenter. Par rapport à ses ancêtres (notamment italiens) ou plus récemment aux « Scream » de Wes Craven qui allient humour et suspense ; la saga du tueur de Crystal Lake n’apporte rien de neuf. Pourtant, s’il ne fallait en voir qu’un seul ; je conseillerais sans hésitation ce premier volet. Contrairement aux films ultérieurs, les scènes gore ne sont pas coupées. On peut ainsi admirer le travail de maquillage de Tom Savini. En effet, les armes blanches (couteau, machette, flèche, hache…) causent beaucoup de dégâts dans le film (égorgement, éventration, décapitation…). La musique quasi-omniprésente est vraiment angoissante. L’utilisation de la caméra subjective qui épouse la vision du meurtrier apporte également beaucoup au film. Mais, c’est surtout la révélation finale concernant l’identité du tueur qui distingue ce film des suivants. Hélas, les protagonistes manquent d’épaisseur. Ce sont de simples pantins qui vont à l'abattoir. Le film s'avère répétitif et parfois ennuyant (la niaiserie des moniteurs, le temps passé à la recherche des disparus…). A noter l’un des premiers rôles au cinéma de Kevin Bacon qui connaît ici une mort affreuse. Enfin, j’ai sursauté avec le plan final au milieu du lac. Il y a beaucoup mieux dans le genre. Cependant, je conseille ce film aux amateurs ne serait-ce que pour gagner du temps, les suites étant un copier/coller de l’original.

Ma note : 6/10

Meurtres à la Saint-Valentin (1981)


Ce slasher typique des années 80 est plutôt efficace par rapport à la concurrence. L’intérêt qu’il suscite vient d’abord de son contexte original à savoir le milieu minier. La scène d’ouverture dans la mine avec la prostituée (?) habillée en mineur pour l’occasion donne le ton. Le tueur en série serait un ancien mineur, unique survivant d’un drame vieux de vingt. Drame dû à une négligence qui a causé la mort de cinq mineurs un jour de Saint-Valentin. Le réalisateur a eu la bonne idée de privilégier les scènes d’action dans la mine (et en surface). Les clichés habituellement présents dans ce genre de film (les jeunes plus débiles les uns que les autres, les blagues d’étudiants exaspérantes, les histoires de cœur niaises etc.) occupent ici finalement peu de place au regard du reste (les scènes gore, l’angoisse des galeries souterraines et la révélation finale surprenante). Le gore est bien présent avec ses meurtres à la pioche, ses cœurs humains offerts dans des boites à bonbons, sa victime déchiquetée dans une machine à laver, une autre ébouillantée... Le climat oppressant des mines renforce l’horreur de la situation. La dernière partie du film est carrément haletante. On a même droit en bonus à une surprise de taille. En fait, le psychopathe est mort depuis cinq ans. Le tueur est en réalité le fils (devenu grand) d’un des deux contremaîtres tués par le mineur survivant venu se venger l’année qui a suivi le drame. Et on était avec le meurtrier depuis le début du film !

Ma note : 8/10

Nightmare (1981)














J’avais déjà vu ce film sur cassette VHS dans les années 80 sous le titre « Cauchemars à Daytona Beach ». Je viens de le revoir en DVD. C’est un film d’horreur très sanglant au climat malsain. Le personnage central est un malade schizophrène qui souffre de cauchemars obsessionnels. Ces cauchemars renvoient à son enfance et ont comme dénominateurs communs le sexe (son père avec une prostituée) et le sang (décapitation de la femme à la hache). Pendant ses crises, notre fou voit la tête coupée de la prostituée baignant dans son sang ouvrir les yeux ! L’expérimentation de nouvelles drogues lui permet de sortir de l’hôtel psychiatrique. Rapidement, le dangereux malade fréquente les lieux de luxure (peep show, etc.). Mais surtout, il se remet à tuer. Son parcours de New York à Daytona Beach l’amène à suivre les faits et gestes d’une famille monoparentale (une femme et ses enfants). Pourquoi ? Avec le flash-back explicatif final et la révélation du lien existant entre le tueur et cette famille, le spectateur a les réponses à toutes ses questions. Le film s’avère angoissant. D’abord parce qu’il n’est pas avare en scènes gore (les meurtres à l’arme blanche, le corps d’une femme à l’intérieur d’un sac poubelle dans un coffre de voiture, le cadavre d’une joggeuse dans une maison abandonnée…). Mais aussi lorsque le meurtrier apparaît derrière sa future victime quand par exemple elle se baisse. Effet garanti ! La fin entre le déséquilibré affublé d’un masque et le garçon de la famille (en réalité père et fils mais chut !) est assez effrayante. Et l’assassin qui tarde à mourir malgré les multiples impacts de balles… L’acteur qui joue le malade mental est convaincant avec son regard halluciné. Lors des crises, ses hurlements sont très réalistes. Malgré tout, ce film laisse une impression désagréable comme quelque chose de sale. Cela vient peut-être de son montage bizarre (alternance dans le temps et l’espace de scènes sans lien apparent), de son absence d’humour, de sa vision négative du sexe, du meurtre d’un enfant, que sais-je encore ?

Ma note : 6/10

mardi 6 août 2013

La colline a des yeux (1977)




Ce survival dans la lignée du célèbre « Massacre à la tronçonneuse » est considéré comme culte par les amateurs. Franchement, je trouve sa réputation dénuée de fondement. Tous les ingrédients sont pourtant présents : un milieu hostile (le désert), des touristes perdus et une bande de tarés anthropophages friands de bébé joufflu (enfin, on le devine car on ne voit rien). En l’absence d'un climat oppressant et de scènes gore, le spectateur tourne en rond comme les acteurs autour de leur caravane. Quelques morts dont un chien les tripes à l’air viennent dynamiser le film. Mais finalement, c’est le saccage de la caravane et un oiseau en cage croqué tout cru par un des fous qui impressionnent le plus. Sinon, les tarés font la course dans les collines et se battent dans le sable avec les touristes. Les amis des bêtes seront ravis des deux gros plans sur un lapin (dont un à l’origine de l’accident de voiture), du chien qui venge ses maîtres façon Rintintin et des scènes avec les bestioles locales (serpents et araignées). Rien de traumatisant, d’autant que les méchants, pas très convaincants, sont idiots et maladroits. Même l’acteur Michael Berryman avec son physique hors norme ne fait pas peur. Heureusement, le réalisateur Wes Craven a fait preuve de plus de talent par la suite (« Les griffes de la nuit » et « Scream »).

Ma note : 3/10

La dixième victime (1965)

La Dixième victime


Ce film d’anticipation du genre chasse à l’homme est un lointain cousin des « Prix du danger », « Running Man », « Hunger Games » et j’en passe. Cependant, ce long-métrage italien est très déroutant. D’abord à cause de son côté délirant, de ses scènes saugrenues (Mastroianni et ses pilules lacrymales « pour faire vrai » en grand maître des adorateurs du soleil face à des néo-réalistes, les musiciens installés sur des cubes en plein air), son ambiance rétro-futuriste très années 60, ses décors et costumes kitschissimes, ses gadgets improbables comme les téléphones, sa musique de supermarché. Le look vieillot de cette société futuriste est vraiment bizarre.
A Genève, un gros ordinateur distribue les rôles parmi les volontaires de la Chasse : chasseur ou proie. Le chasseur a l’avantage d’être renseigné sur sa cible. Alors que la victime n’a qu’une notification de son statut. Le but est de canaliser l’agressivité de chacun en autorisant des tueries sur la voie publique pour éviter les massacres de masse (les guerres). Ainsi, les gens s’entretuent au pistolet dans l’indifférence générale. Le vainqueur n’a qu’à exhiber sa carte pour recevoir les félicitations. Dix victoires signifient la richesse et la gloire. Attention, les erreurs de cibles sont punies de trente ans de prison. Tout cela est parfaitement régi par le Ministère de la Chasse (avec son guichet de retrait des gains, sa zone d’entraînement pour chasseurs). Un détail amusant, en Italie où se déroule l’action, il y a des lieux interdits de tuer (écoles, restaurants etc.). En revanche des duels à mort entre gladiateurs sont organisés lors de fêtes privées. Beaucoup d’éléments dans cette société du futur sont originaux. Mais, ils sont souvent suggérés, juste mentionnés dans les dialogues. Ainsi, afin d'éviter de confier ses vieux à l’Etat (pour être euthanasiés ?), on les déguise en jeunes ou on les cache. Le sexe n’est plus un tabou mais se pratique mécaniquement sans émotions. L’épouse pouvant regarder les ébats de son mari sans aucune gêne. Particularité italienne, le divorce est interdit. A noter que les BD tels les comics sont considérées comme le top de la littérature ! Les centres de relaxation sont des bordels aseptisés où une prostituée peut vous raconter des contes pour enfants…
Le film est centré sur les personnages incarnés par Ursula Andress, une chasseuse américaine (neuf victoires au compteur) et Marcello Mastroianni, la proie italienne (six victoires). Afin de maximiser leurs gains, chacun va signer un contrat publicitaire. Des moyens énormes sont en jeu pour mettre en scène la mort du perdant. On peut y voir une dérive de la téléréalité. Vers la fin, les meurtres filmés au milieu d’un spot publicitaire pour une marque de thé valent le détour. On quitte l’anticipation avec la relation amoureuse entre les deux acteurs. Car le film est aussi une comédie romantique italienne dans la pure tradition. J’avoue que le mélange est assez perturbant. Pour conclure, je dirais que cet OVNI cinématographique est à voir au moins par curiosité. A mon avis, de par sa profondeur et son originalité, il marque plus les esprits que les films cités plus haut, souvent calibrés pour satisfaire le plus grand nombre. Voilà une œuvre dont je ne suis pas prêt d’oublier malgré mon scepticisme du départ.
 
Ma note : 9/10

jeudi 1 août 2013

Orca (1977)




Ce film n’a pas connu le succès du célèbre « Jaws ». Ici, il ne s’agit pas d’un animal assoiffé de sang mais d’une orque (ou épaulard), un mammifère marin intelligent et sociable, très attaché à ses petits. Après qu’un équipage ait tué une femelle et son fœtus, le mâle se venge. Il poursuit sans relâche et tue un à un les membres de l’équipage meurtrier. J’ai été ému par ces animaux. Il faut dire que leurs cris (sur une musique douce signée Ennio Morricone) sont poignants et leurs ballets nautiques magnifiques. La scène de la mort de la femelle et de son fœtus (très humain) est terrible. Si la mémoire de ces animaux est exceptionnelle ; la vengeance du mâle me paraît tout de même légèrement invraisemblable. D’autant qu’il coule deux bateaux, met le feu au port et détruit la maison du capitaine à lui tout seul ! Les meurtres des marins sont spectaculaires mais presque pardonnables ; comme un juste retour des choses. A noter la mutilation assez gore d’une jeune femme. Malgré ses remords, le capitaine ne peut pas échapper à son destin. L’orque l’entraîne dans un duel à mort sur son propre terrain : les eaux glaciales. Le voyage est un peu long. Cependant, le dénouement sur la banquise avec le coup de queue mortel est superbe. Dommage que le jeu de Charlotte Rampling, en scientifique défenseur des cétacés, soit si mécanique. On a l’impression parfois qu’elle récite ses cours. De même sa voix off, heureusement peu présente, est exaspérante. Il n’empêche, ce film ne mérite pas l’anonymat dans lequel il est tombé.
 
Ma note : 8/10